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Gods will be watching

J'ai grandi avec le sentiment de ne pas être normal. Avec l'idée que soit je venais d'une autre planète, soit je n'étais pas humain. Je me voyais venir d'une autre galaxie, descendant d'une espèce éteinte ; des lubies de gamin qui s'effacent avec le temps...

En grandissant, je me suis rendu compte, petit à petit, que je n'étais pas bien différent du reste de ce monde. Qu'en fait, j'étais à peu près aussi banal que n'importe quelle autre personne.

Mes origines imaginaires, mes rêves de môme se sont alors transformés en souvenirs lointains et, parfois, j'y repensais avec mélancolie...

 

Puis j'en ai trouvé d'autres.

May food show you the way.

Il y avait une maison, sur flanc de colline, avec une façade de blanc et des fenêtres aux bordures bleutées; tout droit sortie d'une autre époque, d'un autre temps, la Maison était aux yeux de ses habitants plus qu'un bâtiment. C'était l'héritage laissé par un homme à celle qu'il aimait. 

Elle ne pouvait mourir et lui, lui, s'est donné à elle, en se pendant au grand saule dans le jardin, le jour de l'anniversaire de leur rencontre. C'était arrivé dans un cimetière, figurez-vous, à l'enterrement du chat de ce bon vieux Ethan, comptable de profession, et asocial de surcroît; il portait un imperméable kaki, et tenait en main un parapluie rose, Hello Kitty, empruntée à la jeune fille de sa voisine de palier. 

Elle le regardait, Hel, les bras croisés. L'odeur de la mort l'avait appelée et, cette mine morne l'avait captivée, puis séduite autour d'un brownie au chocolat et d'une tasse de café. 

C'était un jour de pluie. 

Il y en eut beaucoup d'autres comme celui-là. Pas assez. 

Hel, vivait désormais au dernier étage ; panoramique, pour qu'elle puisse tout aussi bien veiller sur la ville que sur le jardin. Et garder d'un œil sûr les vivants, et retenir une larme en pensant aux disparus. 

Elle l'avait aimé, autant qu'on puisse aimer quelqu'un qui , malgré maintes remontrances s'évertuait à mettre le lait avant les céréales ou passer l'aspirateur à 6h30 du matin. 

Heure à laquelle Mary le passe aujourd'hui. 

Au début ça fait mal, mais ensuite, on s'y fait. Puis ça reste moins pire que les grommellements et ronflements du nabot, Rudy, qui, malgré le fait qu'il soit au troisième, font résonner toute la bâtisse. Les soirs de plaine lune, c'est pire, me dit-on.

Souvent, la réaction que l'on a lorsqu'on perd un être proche, c'est de compenser l'absence de celui-ci par quelque chose d'autre. Il lui avait offert un monde, rien qu'à elle, avec ses petites créatures immortelles pour qu'elle ne soit pas seule, mais ça ne lui a pas suffit, aussi adopta-t-elle non pas un chien, mais un poulpe d'une demi-dizaine de mètres, qui tranquillement vivait dans les sous-sols de la maison. Mais encore une fois, le vide était trop grand, alors, Hel, adopta celui qu'elle nomma Thomas, et le fit vivre, au quatrième, à sa proximité, afin qu'il remplisse pleinement les fonctions de secrétaire pour lesquelles personne d'autre n'était mieux qualifié. 

Mais...ça n'a pas suffit, vous vous doutez bien. Voilà pourquoi vit dans le jardin un Serkie, au premier palier, une sorcière, et au second, une Huldre. 

Il savait que ce ne serait pas suffisant. Il savait, qu'il n'était pas suffisant. Que ni 10, ni 20, ni 30, ni 100 ans ne pourront atténuer le vide laissé par son absence. Et pourtant; il est parti. Sans raison. Sans au revoir. Son amour, ne suffit pas à le garder en vie et son manque, pourtant, suscita chez elle quelque chose qui la poussa à aimer la sienne. 

Une drôle d'histoire.

Mind fields - No vacation
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